Lors d’une récente visite officielle au Panama, le Secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a lancé une idée qui a immédiatement suscité la controverse. Il a évoqué un retour des troupes américaines pour « sécuriser » le canal de Panama. Cette suggestion, présentée comme une coopération militaire « sur invitation », a été sèchement rejetée par les autorités panaméennes, soucieuses de préserver leur souveraineté.
Bases militaires américaines autour du canal de Panama : un retour en arrière ?
Hegseth a évoqué la possibilité de réactiver d’anciennes bases militaires ou stations navales. C’est dans le but d’y déployer des forces américaines de manière rotative. Un accord signé avec le Panama cette semaine serait, selon lui, une « opportunité ». Celle-ci permettraitde renforcer les capacités conjointes entre les armées américaine et panaméenne à travers des exercices communs.
Toutefois, l’idée d’un retour même temporaire de soldats américains sur le sol panaméen ravive un douloureux souvenir pour la population. L’invasion de 1989 par les États-Unis, qui avait causé la mort de plus de 500 Panaméens.
Voie interocéanique du Panama : Un rêve d’ingénierie devenu enjeu géopolitique
Le Canal de Panama n’est pas seulement une prouesse d’ingénierie reliant les océans Atlantique et Pacifique. C’est aussi un symbole puissant des ambitions stratégiques, des luttes politiques et des rapports de force qui ont marqué l’histoire de l’Amérique centrale.

Les débuts français du canal de Panama : un projet ambitieux devenu échec retentissant
L’idée de relier les deux océans à travers l’isthme de Panama remonte au XIXe siècle. Inspiré par le succès du canal de Suez, l’ingénieur français Ferdinand de Lesseps lance en 1881 un projet colossal… qui tourne rapidement à la catastrophe. Maladies tropicales, mauvaise gestion, terrain difficile : après huit ans de travaux et des milliers de morts (principalement dus au paludisme et à la fièvre jaune), la compagnie fait faillite, laissant derrière elle un chantier inachevé.
L’entrée en scène des États-Unis dans la zone du canal : entre ambition et manipulation
Au tournant du XXe siècle, les États-Unis voient dans le canal un atout stratégique majeur pour leur marine et leur commerce. Problème : le territoire du futur canal appartient à la Colombie. Washington soutient alors discrètement un mouvement séparatiste panaméen, qui déclare son indépendance en 1903. En échange de son soutien, les États-Unis obtiennent un droit exclusif sur la « Zone du canal ». Soit, une bande de terre de 16 kilomètres de large traversant le nouveau pays du nord au sud.
Ce « traité Hay-Bunau-Varilla », signé sans la participation du Panama, accorde aux États-Unis un contrôle quasi souverain sur cette zone stratégique. C’est le début d’une longue présence américaine sur le sol panaméen.
Inauguration de la voie maritime du Panama et domination américaine
Après avoir repris et redessiné le projet français, les États-Unis achèvent les travaux et inaugurent le canal le 15 août 1914. L’exploit technique est immense : 80 kilomètres de voie navigable et des écluses à la mécanique aussi simple qu’ingénieuse. Ce canal permet de raccourcir considérablement les trajets maritimes entre l’Atlantique et le Pacifique. Le canal devient un pivot du commerce mondial… mais aussi un symbole de la domination américaine en Amérique latine.
Les États-Unis administrent la zone du canal comme un territoire à part entière. Soit, avec leurs propres lois, infrastructures, bases militaires et écoles, souvent en totale déconnexion avec la réalité panaméenne. Cette situation nourrit un fort ressentiment chez de nombreux Panaméens, qui voient leur souveraineté bafouée.
1989 : l’invasion américaine et le tournant dramatique pour la zone du canal de Panama
Le 20 décembre 1989, les États-Unis lancent l’opération militaire « Just Cause » pour renverser le général Manuel Noriega. Les États-Unis accusent cet ancien allié de trafic de drogue et de corruption, devenant ainsi embarrassant.
L’invasion marque un tournant : plus de 500 civils panaméens meurent, des quartiers entiers de la capitale sont ravagés, et l’armée américaine contrôle le pays pendant plusieurs jours.
Officiellement, l’objectif est de « rétablir la démocratie »… mais pour beaucoup, il s’agit d’un acte d’ingérence brutale, qui rappelle au monde la puissance d’intervention américaine en Amérique latine.
La restitution du canal : une souveraineté retrouvée
En 1977, bien avant l’invasion, les traités Torrijos-Carter avaient déjà été signés, prévoyant la rétrocession progressive du canal au Panama. Ce processus aboutit le 31 décembre 1999. Date à laquelle les États-Unis transfèrent officiellement la gestion et le contrôle complet du canal aux autorités panaméennes.
Aujourd’hui, le canal est administré par l’Autorité du Canal de Panama (ACP). Il représente une source majeure de revenus pour le pays. Et son agrandissement en 2016 a permis d’accueillir des navires toujours plus imposants.

Canal de Panama : entre mémoire historique et vigilance géopolitique
Le canal de Panama demeure un pilier du commerce maritime mondial. Mais son histoire rappelle aussi la fragilité de la souveraineté face aux grandes puissances. Il faut aussi souligner l’importance pour un petit pays comme le Panama de rester vigilant face aux ambitions extérieures. Les cicatrices de l’histoire, notamment l’invasion de 1989, restent vivantes dans la mémoire collective.
🧭 EN CONCLUSION :
Alors que le canal de Panama redevient un point névralgique des rivalités géopolitiques mondiales, le Panama tente de garder le cap de sa neutralité et de son indépendance. Pour les Panaméens, cette voie maritime n’est pas qu’un axe de transit. C’est un symbole national, une victoire sur l’histoire, et une frontière qu’ils ne sont pas prêts à céder.

Grâce à sa position, le canal raccourcit considérablement les distances maritimes. Celles entre la côte Est et la côte Ouest des Amériques, ainsi qu’entre l’Europe et l’Asie. Par exemple, un trajet entre New York et San Francisco est réduit d’environ 13 000 km.
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