Chavela Vargas, de son vrai nom Isabel Vargas Lizano, restera à jamais une légende de la musique mexicaine. Son talent vocal unique, son style rebelle et son histoire de vie fascinante en ont fait une icône intemporelle de la chanson Ranchera. Dans cet article, nous plongeons dans la vie extraordinaire de cette chanteuse, à la voix rauque et envoûtante, qui a marqué à jamais l’histoire de la musique.
Mais attention – la plus grande chanteuse du Mexique était … Costaricienne!
Chavela Vargas est née le 17 avril 1919 à San Joaquín de Flores dans la province d’Heredia au Costa Rica. Fille d’une femme au foyer, Herminia Lizano, et d’un chef de police, Francisco Vargas,
Dès son plus jeune âge, elle s’est découvert une passion pour la musique, qu’elle a rapidement décidé de poursuivre. Chavela Vargas était destinée à briser les conventions de son époque. Dès son plus jeune âge, elle se montra rebelle et refusa de se conformer aux attentes sociales traditionnelles pour les femmes.
« Elle était indépendante, rebelle, elle voulait être libre. Sa famille n’acceptait pas son lesbianisme, elle était sévèrement réprimandée. Elle portait des pantalons à une époque où seuls les hommes les portaient. Sa façon d’être était rejetée selon les normes rigides de l’époque au Costa Rica », a commenté sa nièce Yisela Ávila au média mexicain Informador.
À l’âge de 17 ans, elle a vendu quelques poules et a pris un avion à deux hélices qui l’a emmenée au Mexique. Labas, elle se forgea une nouvelle identité. Son audace et son caractère bien trempé l’ont rapidement fait remarquer dans le milieu et elle a commencé à se produire dans des bars et des cabarets de la ville de Mexico.
Une voix inimitable
Ce qui a vraiment distingué Chavela Vargas, c’est sa voix unique. Sa voix grave et éraillée, chargée d’émotion, a touché le cœur de millions de personnes à travers le monde. Elle a su donner une nouvelle dimension à des classiques de la musique Ranchera, tels que « La Llorona » et « Paloma Negra », grâce à son interprétation passionnée. Chavela était une chanteuse hors pair, capable de transmettre des émotions brutes à travers chaque note.
L’amour et la musique
Dans les ruelles animées de Mexico, Chavela découvrit l’amour et la musique. Elle devint une habituée des tavernes et des bars où la musique Ranchera résonnait dans l’obscurité. Les paroles des chansons Rancheras abordaient généralement des thèmes tels que l’amour, la trahison, la nostalgie, la famille et la patrie. Ces chansons peuvaient être joyeuses ou mélancoliques, mais elles étaient presque toujours chargées d’émotion.
Dans ce milieu, elle se lia d’amitié avec des artistes de renom tels que Frida Kahlo et Diego Rivera, qui l’encouragèrent à poursuivre sa passion pour la musique.
L’art au plus profond de ses émotions
Chavela Vargas se démarqua par son style unique d’interprétation des Rancheras. Sa voix rauque et émotionnelle transmettait une profondeur de sentiment, évoquant la douleur, la passion et la mélancolie. Elle avait le don de faire ressentir chaque mot de ses chansons comme une confession personnelle, touchant l’âme de ceux qui l’écoutaient.
Une vie marquée par la lutte
Chavela Vargas était clairement connue pour sa vie tumultueuse. Elle a vécu en marge de la société, affichant son homosexualité dans une époque et un milieu où cela était encore largement tabou. Sa lutte pour l’acceptation de soi et son refus d’entrer dans le moule ont fait d’elle une figure emblématique de la communauté LGBTQ+.
La résurrection de sa carrière
Après une période de déclin dans les années 1970 et 1980, Chavela Vargas a connu une véritable renaissance dans les années 1990. Le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar a joué un rôle crucial en l’invitant à participer à la bande originale de son film « Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre) ». Cette collaboration a propulsé Chavela sur la scène internationale et lui a offert une relance de popularité. Ce film hispanico-français s’est rendu en « compétition officielle » au Festival de Cannes en 1999.
Un héritage durable
Chavela Vargas nous a quittés en 2012, mais son héritage perdure. Sa musique continue d’inspirer de nombreux artistes et son message de liberté, d’authenticité et de résilience résonne encore aujourd’hui. Elle demeure une icône de la musique mexicaine et une figure emblématique de la lutte pour l’acceptation de soi.
Chavela Vargas était bien plus qu’une chanteuse de Ranchera. Elle était une âme rebelle, une voix inoubliable et une femme courageuse qui a brisé les barrières de son époque. Sa vie et sa musique resteront gravées dans nos cœurs pour l’éternité, rappelant à tous que la passion et l’authenticité sont les clés pour toucher l’âme des gens à travers la musique.
A-t-elle vraiment nourri toute sa vie une amère rancœur envers son pays natal ?
À plusieurs occasions, Vargas a fait des déclarations telles que celles-ci : « Quel pays que le Costa Rica. J’y mettrais tous les suicidés du monde. Je leur mettrais un appartement là-bas. Ce serait une bonne affaire, une boutique de cercueils », a-t-elle déclaré au journal espagnol El País lors d’une de ses dernières interviews.
À une autre occasion, elle a déclaré : « Les Mexicains naissent où ils veulent ».
Cependant, l’artiste emblématique n’a jamais rompu les liens avec le Costa Rica. À plusieurs reprises, elle a rendu visite à sa famille à San Joaquín de Flores, à Heredia, et en 1994, elle a donné deux concerts dans le pays, l’un au Teatro Nacional et l’autre à l’auditorium de l’Universidad de Costa Rica (UCR).
De plus, la Municipalité de Flores l’a proclamée citoyenne d’honneur du canton.
Mais, est-ce que Chavela Vargas détestait vraiment le Costa Rica ? Voici ce que la chanteuse a déclaré dans une interview quelques mois avant sa mort.
« Non, je n’ai jamais dit que je n’étais pas costaricienne. J’ai dit que j’ai acquis la citoyenneté mexicaine parce que j’ai vécu là-bas pendant 40 ans et que je devais vivre comme une Mexicaine. Je vivais au Mexique, mes amis étaient Mexicains, tous, ceux avec qui j’ai grandi au Mexique, mes amis artistes, mes amis particuliers, les peintres, les sculpteurs, les poètes. J’ai grandi avec toutes ces personnes là-bas », a précisé la chanteuse.
« Je ne suis pas en conflit avec le pays, ce sont les gens qui se mettent en conflit avec moi, ils cherchent tous mes défauts, ils cherchent tout ce que j’ai fait dans la vie au lieu de voir le travail que j’ai accompli pour la jeunesse, pour les femmes, pour beaucoup de choses ».
Voir ci-bas, une vidéo YouTube présentant Chavela interpretant La Llorona lors d’un spectacle à Madrid en 1993.